Requiem pour un coeur... [Sacha J, Anakeï J +Libre]

Chizuru entra dans le théâtre qui semblait abandonné depuis un bon bout de temps. Plusieurs antiquités ornaient les colonnes et certains banc de spectacle n'avait plus le jolie tissus rouge qui les recouvraient auparavant. ''Quelque rénovations devraient se faire ici..'' pensa-t-elle. Elle s'assoya sur la scène où quelques projecteurs éclairaient faiblement cette endroit un peu sinistre. Aujourd'hui était donc la première rencontre pour expliquer l'idée effroyable qui lui trottait dans la tête depuis sa première rencontre avec ses nouveaux ''amis''. Notre chère As commençait déjà à s'impatienter, mais que pouvaient-ils bien faire pour être en retard? Elle commença a faire les cent pas jusqu'à ce qu'elle entende les grandes portes du vieux théâtre résonner a l'autre bout de la salle.

-Enfin! S'exclama-t-elle. Que fesiez-vous?! Je déteste attendre!

La traversée de la capitale c'était faite sans encombre, ce qui ne m'enchantait pas particulièrement. Par contre, le chaos qui régnait en permanence sur Euphoria m'avait plu. La ville était si peuplée que deux hommes de grande taille portant de longue capes noires, la capuche jetant ombrage sur les traits de leurs visages, passaient parfaitement inaperçu à travers le brouhaha perpétuel. Nous avions été retardés par des bouchons de circulations, même dans les petites rues piétonnières. J'aperçus finalement la bâtisse, un vieil édifice un peu en retrait qui avait dû voir son âge d'or passer depuis un bon moment déjà. Il était temps. Je ne voyais que le dos de Sacha, qui marchait devant moi, mais à voir la tête que faisait les passants qui se ruaient hors de son chemin, il ne devait pas avoir l'air de bonne humeur.

-Sacha... dis-je pour attirer son attention.

Il se tourna vers moi, un sourire sadique aux lèvres. Je désignai le théâtre d'un mouvement de tête, insensible à la lueur folle qui commençait à danser dans ses yeux. Il suivit mon regard et s'arrêta, frottant ses paumes l'une contre l'autre.

-On y est
-C'est pas trop tôt...

Je le suivit tandis qu'il s'engageait dans une ruelle transversale pour rejoindre une porte latérale, normalement réservée aux employés. Celle-ci céda le passage sans résister...Débarrée...Sacha haussa les sourcils.

-On dirait bien que nous sommes déjà attendu, Anakeï...
-...un sermont, manquait plus que ça, marmonnais-je en entrant dans le théâtre miteux.

L'air était saturée d'humidité et sentait le moisi. Nous avançâmes entre les colonnes qui montaient du sol au plafond, jusqu'à ce qu'une voix nous interpelle.

-Enfin! Que faisiez-vous?! Je déteste attendre!

Le Royaume de Trèfle. Lieu où, disait-on, dominait le désordre, l'agitation, la confusion et le chahut. Tout était sans cesse en mouvement, un véritable tourbillon d'actions qui vivait au rythme de son peuple. Les commerçants qui marchandaient et s'insultaient, les artisans qui peinaient à vendre leur bric-à-brac, les gens de bonnes familles qui regardaient les plus pauvres d'un regard hautain et supérieur, les plus pauvres qui tendaient vainement les mains à la recherche de quelques malheureux sous, les petits voyous qui vidaient les poches des plus distraits. En effet, cette scène aurait pu paraître chaotique si on ne faisait que jeter un bref coup d'œil, de loin. Néanmoins, rien n'aurait pu être plus ordonné, pus harmonieux que ce qui se déroulait devant mes yeux. Tous étaient habitués, accoutumés à cette disposition des choses, cette façon de vivre, à un point tel que ce soit disant chaos n'était autre qu'une simple et pure organisation, un assemblage logique d'évènements du quotidien, car la routine avait submergé ces lieux condamnant ses victimes à revivre le même jour, jour après jour. Cet endroit avait besoin de nous, de notre petit coup de pouce et je trépignais à l'idée de ce qui attendait ces pauvres citadins aveugles et inconscients du vicieux mécanisme dans lequel ils s'étaient coincés à jamais.

-Sacha...

Je me retournai vers Anakeï, attisé par une terrible envie de faire ce dont j'étais fait tout en me frottant les mains. Ce dernier me pointa quelque chose de son regard sombre. J'aperçus alors, percer entre quelques toits, un édifice qui détonnait par son ancienneté et le piteux état dans lequel on l'avait laissé depuis certainement un bon nombre d'années.

-On y est.
-C'est pas trop tôt...

Un moment plus tard nous nous retrouvâmes à l'intérieur, marchant entre les imposantes colonnes qui soutenait le plafond haut au-dessus de nos têtes. Soudain, une voix résonna longuement dans l'immense salle.

-Enfin! Que faisiez-vous?! Je déteste attendre!

Nous levâmes la tête de concert. C'était une voix féminine pas tout à fait enfantine, ni tout à fait adulte. L'impatience était perceptible dans son ton dure et tranchant et pourtant, une fragile innocence demeurait. Anakeï me fit un signe de tête en direction du fond de la salle. Au milieu de l'allée, une jeune fille s'avançait vers nous, la tête haute, les épaules et le dos droits. Ses cheveux était rassemblés en un chignon bien coiffé, sa robe aux couleurs vives et aux motifs détaillés ainsi que les bijoux qu'elle portait dénotait une richesse évidente. Cependant, sa démarche était très légèrement relâché sur une ligne imperceptiblement sinueuse et ses pieds étaient même un peu tournées vers l'intérieur. Ce n'était pas de naissance. C'était peut-être même plutôt récent. Je souris tout en suivant mon camarade qui se dirigeait vers elle. Je retirai ma large capuche et d'un mouvement de tête, libérai mes cheveux du col de mon manteau. Cette situation était hilarante...

-Pardonnez-nous, jeune damoiselle, dis-je sans cacher le rictus qui étirait mes lèvres. Mais, il vous faudra malheureusement vous y habituer, car il n'est guerre dans nos habitudes d'arriver tôt pour le simple caprice d'autrui. Mais, pourquoi ne pas nous expliquer la raison de notre présence en ces lieux?

Chizuru gonfla les joues a ces paroles, mais souria sadiquement par la suite. C'est la question qu'elle attendait pour enfin dévoilé ce qu'elle voulait tant faire depuis un bon moment.

- Voyez-vous messieurs? J'ai eu vent de vos exploits et j'ai même eu l'occasion de vous voir à l'oeuvre. Il se trouve que votre façon de travailler me plaît et j'aimerais beaucoup pouvoir profiter de vos compétences. J'ai d'excellente ressource et l'argent n'est pas un problème. Que diriez-vous que nous passions un accord?

Elle regarda les deux hommes, qui faisait au moins une ou deux têtes de plus qu'elle. Ceux-ci semblait apprécier l'idée. Elle croisa les bras sur sa poitrine pas intimidée le moins du monde.

-Alors? Dit-elle en haussant les sourcils.

Je ne prit pas la peine de répondre, les négociations n'étaient pas mon fort. Je préférais observer la jeune femme discrètement. Le tissus de sa robe était manifestement de qualité et l'extravagance simpliste du modèle évoquait le recourt à un spécialiste dans le domaine. Aucun doute que la jeune femme n'avait aucun problème d'argent. Mieux encore, ses boucles d'oreilles étaient en métal précieux et la chaine de son pendentif, dont le fermoir était décalé sur la droite, laissait entrevoir une pièce de métal en forme de trèfle. La marque de commerce du joaillier royal. Elle faisait donc partie de l'entourage immédiat du souverain du royaume de trèfle.

Sa posture ne révélait aucune connaissance en matière d'escrime, elle ne faisait donc pas partie de la garde royale. Ses mains frêles et immaculées n'avait été utilisées que pour de menues besognes, ce qui éliminait l'hypothèse de l'imposture. Le pavillon de ses oreilles ne ressemblait ni à ceux de la reine, ni à ceux du roi, éliminant aussi la possibilité d'un lien de parenté direct. De plus, son parlé était trop franc pour qu'elle n'ait été élevée dans l'environnement dans lequel elle vivait en ce moment et l'étalement de ses richesses devant de purs inconnus laissait entrevoir un certain dépaysement. Ça ne pouvait être qu'elle. Je n'aimais guère prendre la parole, mais il valait mieux mettre Sacha au courant de l'identité de la jeune femme avant d'entreprendre les pourparlés.

Je me tournai vers lui en repoussant la capuche qui recouvrait mes cheveux noirs, les ébouriffant distraitement. Je replaçais nonchalamment mes lunettes de protection sur ma tête et soupirais.

-Et qu'est-ce que de pauvres sans royaumes peuvent espérer faire pour quelqu'un comme vous, Mademoiselle l'As?

Dans le mile! Je me mordis la lèvre inférieur, riant intérieurement à la vue de son visage. Je fourrai mes mains dans mes poches. Excepté les légers plis dans son front, cette adolescente cachait bien sa surprise. Son regard avait, durant une fraction de seconde, faiblit, mais s'était aussitôt raffermit pour redevenir aussi froid qu'il l'était. J'aimais bien cette jeune fille. Elle avait du cran et du sang froid pour son âge que je déduis à environ 15 ans en raison de la forme de son crâne. Sa requête n'était probablement pas des plus normales. Elle tombait vraiment à pique, car les choses commençaient à devenir un tantinet... barbantes depuis quelques temps. Néanmoins, je n'en étais pas à 100% certain. Disons à 70%. Il restait toujours des chances non négligeables qu'il s'agisse de caprices idiots d'une nouvelle riches qui cherchait à établir son pouvoir. Il fallait la tester encore un peu, question de... s'amuser un peu. Après tout, je n'avais nullement envie que nous nous fassions engager par n'importe qui. Je sortis donc mes mains de mes poches, l'une d'elle tenant un couteau à lame courte, l'interrompant au moment où elle allait répondre. Je penchai la tête sur le côté, avançant lentement vers elle. Elle ne sembla aucunement impressionnée. Ou presque. Instinctivement, elle avait effectué un infime transfert de poids sur ses orteils, prête à reculer à tous moments. Je me mordis à nouveau la lèvre inférieur, tandis que je tournais autour d'elle tel un vautour. Anakeï esquissa un mince sourire quasiment imperceptible et s'avança à son tour. Je m'arrêtai derrière elle et me penchai, afin d'être au niveau de son oreille. Je respirai.

-Mmm... Parfum de trèfle. Très dispendieux si je ne me trompe, murmurai-je.

Doucement, de ma main droite, je passai la lame sur sa joue et la descendit délicatement dans son cou, prenant mon temps. Sa respiration était contrôlé et posé. Pourtant, je sentait ses membres crispés. Anakeï fit un nouveau pas, puis sortit un briquet qu'il fit tourner entre ses doigts. Je posai ma main libre sur son épaule et encrai mon index et mon majeur plus bas, tout juste sous la clavicule. Je le sentais battre plus rapidement qu'à la normale, mais étrangement lentement pour la situation. Son coeur...

-PomPom. PomPom. PomPom. C'est un cœur fort que vous possédez là, gente dame, chuchotai-je à son oreille.

Chizuru sentit la lame froide du couteau de l'homme aux cheveux blanc dans son cou. Disons que cela l'inquiètait un peu dans l'endroit où elle était placé mais étrangement, elle était si.. calme. Avant, tout ce qui était tranchant lui faisait une peur bleu, mais son esprit tordu l'avait complètement changée. Maintenant, elle adorait comment ces gens les utilisaient pour tuer des personnes..si naïve.. Elle esquissa un petit sourire à ses pensées.

-PomPom. PomPom. PomPom. C'est un cœur fort que vous possédez là, gente dame, dit celui-ci au bout d'un moment.
-...J'étais au courant, j'aurais déjà réagis en vous voyant sortir cette lame... Mon autre moi en avait très peur...

Elle était maintenant sûre que ces deux hommes lui serait utile a sa ''quête''. Tuer était leur destinée.. ou même leur vie? D'après leur accoutrement et le nombre de chose dangereuse qu'ils pouvaient cacher dans les poches de leurs manteaux. Ce sera facile d'obtenir ce qu'elle voulait en peu de temps, si ils acceptaient du moins. Notre chère As soupira au bout d'un moment l'attente était trop longue.

-J'attend toujours votre confirmation, dit-elle en tapant du pied, pourtant c'est si simple, c'est un oui ou un non?

-J'attend toujours votre confirmation, dit-elle en tapant du pied, pourtant c'est si simple, c'est un oui ou un non?

Je jetai un oeil à la réaction de Sacha, il souriait toujours autant. L'idée lui plaisait, manifestement. Elle ne me déplaisais pas non plus, mais l'idée de devoir obéïr aux ordres d'autrui, elle, m'horripilais. Je gardais cependant le silence. Je ne connaissais pas le profil de cette As et les réactions et agissements provoqué par les sentiments humains illogiques n'étaient pas mon domaine. Sacha saurait mieux déchiffrer les intentions de la demoiselle. Je levai les yeux et son regard croisa le mien au-dessus de la tête de la jeune femme. Je décelai une étincelle d'intérêt dans les siens.

<<Qu'est-ce que tu trame? Tu acceptes l'idée d'obéïr à un maître, maintenant?>> lui fit je comprendre silencieusement en relevant les sourcils, amusé.
<<fais-moi confiance>> répondit-il simplement, de la même façon, l'air confiant.

Peu importe, le résultat serait toujours aussi intéressant...

Je ricanai intérieurement. J'étais bien conscient de la répugnance d'Anakeï quant à avoir à obéir à un maître. Il en était d'ailleurs de même pour ma propre personne. Mais, je savais exactement ce que je faisais. À présent, j'étais assuré à 98% de ses intentions.
«Mon autre moi en avait très peur». Signification:changement subit de caractère, voire de personnalité, probablement survenu à la suite d'un bouleversement de cause encore non identifié. Conséquence: Chute dans ce monde-ci.
Atténuation d'une forte peur doublé d'un sang froid inhabituel. Signification: La cause du bouleversement a amené le sujet à s'endurcir, afin d'éliminer sa propre vulnérabilité dont il a pris conscience lors du dit évènement. Signification: Perturbation d'origine extérieur heurtant un point faible.
Adolescente d'environ 15 ans. Conséquence: forte production d'hormones, conditions émotionnels fragiles. Vulnérable aux influences extérieures.
Sollicitation des services d'hommes dont la fréquentation est peu conseillé et éprouve peu de craintes. Signification: Le sujet est prêt à aller loin pour arriver à ses fins.
Conclusion: Le sujet, âgé de 15 ans de sexe féminin, souffre d'un chagrin d'amour doublé d'une rage vengeresse meurtrière. Signification: Le sujet est facilement manipulable et offre un potentiel non négligeable de divertissement.
Je me relevai, retirant ma main de son épaule et rangeant mon couteau d'un geste vif. Sans me presser, je revins aux côtés d'Anakeï, sans pouvoir retenir un sourire en coin que mon camarade déchiffra aussitôt.

-Comment refuser la requête d'une si délicate et vertueuse jouvencelle? renchéris-je. Je crains donc que la réponse à cette requête ne puisse être que positive. Cependant, auriez-vous l'amabilité de nous expliquer en quoi consiste la tâche que vous vous apprêtez à nous confier?

L'as de trèfle se mit à rire, ce n'était pas un rire enjoué mais un rire vengeur. Elle avait penser à chaque détails de cette vengeance qui serait si bonne et tout ceux qu'elle détestera mourront dans d'atroces souffrance... Elle se frotta les main et reprit son souffle après ce moment de folie. Ce que venait de dire l'homme signifiait que c'était un Oui, ce qui la réjouissait encore plus! Elle n'avait jamais été aussi heureuse depuis qu'elle était arrivé dans ce monde. C'est lorsque qu'elle ouvrit la bouche en n'ayant même pas le temps d'y prononcer une syllabe que la porte du théatre résonna, quelqu'un entrait. Elle tapa du pied. Chizuru leva la tête vers les deux hommes et dit tout en chuchotant.

-Nous nous reverrons, pour le moment je ne peux vous expliquer, quelqu'un vient d'entrer.. Ce sera pour une prochaine fois, mais avant de partir... Puis-je savoir vos noms?